IX
- L'HYPERTENSION ARTERIELLE VUE PAR LES MEDECINS
Hypertension
artérielle essentielle de l'adulte
Hypertension artérielle secondaire
A
- Première cause: hypertensions endocriniènnes
1
- Acromégalie
2 - Phéochromocytome
3 - Syndrome de Cusching
4 - Syndrome de Conn ou hyperaldostéronisme
primaire à rénine basse: l'adénome est curable
par surrénalectomie, l'hyperplasie est rebelle à la
chirurgie
B - Deuxième
cause: les hypertensions artérielles rénales
1
- Hypertension artérielle par sténose de l'artère
rénale: hyperaldostéronisme secondaire à rénine
haute, cause la moins rare d'hypertension artérielle secondaire
2 -Hypertension artérielle par
néphropathie parenchymateuse
C
- Hypertension artérielle médicamenteuse ou toxique
D
- Une autre cause d'hypertension artérielle: la coarctation
de l'aorte
1
- ACROMEGALIE
DEFINITION
Hypersécrétion
chronique de GH (Growth hormon)responsable d'un syndrome dysmorphique
acquis.
CIRCONSTANCES
DE DECOUVERTE
1) Typiques: 5 groupes
de signes fonctionnels
Classiquement, le diagnostic
d'acromégalie est un "diagnostic de coup dil".
Le syndrome dysmorphique porte sur:
- le visage avec saillie des arcades sourcilières et zygomatiques,
prognatisme et perte de l'articulé dentaire, élargissement
de la pyramide nasale, épaississement des lèvres, augmentation
du périmètre crânien obligeant le patient à
changer de chapeau.
- les extrémités où les mains et les pieds
sont épais et élargis. Le changement de taille de gants
et de chaussures est rapporté par le patient.
- le thorax est projeté en avant et l'on observe une cyphose
dorsale.
+ la peau est épaisse et séborrhéique, la
sudation excessive d'odeur de 'paille aigre'
Ces patients se plaignent de céphalées à
irradiation occipitale, plus fréquentes que chez les
patients atteints de pathologie tumorale de la selle turcique, pour
un volume adénomateux comparable.
Des douleurs articulaires distales, une gonathrose ou
une cyphose dorsale douloureuses peuvent amener à consulter.
Un syndrome du canal carpien est parfois le seul motif de consultation.
Une faiblesse musculaire est fréquente chez l'acromégale.
Chez la femme, un syndrome aménorrhée/galactorrhée
peut permettre un diagnostic précoce.
Chez l'homme, une impuissance
est fréquente.
Enfin des symptômes
dépressifs de tous ordres sont fréquents, pouvant
survenir à tous les stades de la maladie
2) Atypiques
Il n'y a pas de formes atypiques
mais des formes de diagnostic plus ou moins précoce. Une
hypertension intra-cranienne est exceptionnelle, le développement
de la tumeur étant très lent.
3) Par une complication
a)
Complications cardio-vasculaires
Dans 1/3 des cas, une hypertension
artérielle est retrouvée.
L'atteinte cardiaque se
fait en 2 temps: une myocardiopathie hypertrophique avec syndrome hyperkinétique
fait place à une insuffisance cardiaque congestive. Sa
pathogénie fait intervenir l'hypertension artérielle et
une action directe de la GH sur la fibre myocardique.
b) Complications respiratoires
Elle résulte de l'atteinte
des voies aériennes supérieures par anomalie laryngée,
de la déformation thoracique et de la diminution du tonus musculaire.
Le syndrome d'apnées du sommeil se traduit par des ronflements
et une somnolence diurne.
c) Diabète sucré
Il est plus fréquent
que chez le sujet normal, le plus souvent (20 à 30% des cas)
sous la forme d'une intolérance au glucose: l'excès
de GH provoque une résistance à l'insuline.
d) Symptômes neurologiques
C'est la classique compression
du chiasma optique par une tumeur volumineuse responsable d'une hémianopsie
bitemporale
DIAGNOSTIC POSITIF
1) Clinique
Le syndrome dysmorphique
éventuellement compliqué doit entraîner un bilan
biologique spécifique. Sa lenteur de constitution explique les
fréquents retards diagnostic.
2) Biologie
a)
Anomalie du rythme sécrétoire de la GH
Le rythme sécrétoire
physiologique de la GH est caractérisé par des bouffées
sécrétoires alternant avec de longues périodes
pendant lesquelles la GH devient indétectable.
Au cours de l'acromégalie,
la GH est retrouvée constamment élevée.
b) Anomalie de la régulation
L'hyperglycémie provoquée
orale, et plus accessoirement les épreuves par TRH et LHRH agent
stimulants non spécifiques, montrent l'absence d'abaissement
de la GH.
c) Elévation de la concentration de somatomédine C/IGF1
Sa valeur reflète
l'effet exercé sur les tissus par une sécrétion
excessive de GH. Ce dosage est plus informatif que celui
de la GH dont on connaît les fluctuations.
d) Dosage de GHRH
L'exploration hormonale
des acromégalies par sécrétion tumorale de GHRH
ne diffère en rien de celle de l'acromégalie par adénome
somatotrope. Un dosage de GHRH par immunohistochimie est requis pour
prouver l'origine extrahypophysaire d'une acromégalie.
De principe, on recherchera une insuffisance antehypophysaire
et une hyperprolactinémie.
3) Imagerie
a)
Radiologie conventionnelle
Si elle est pratiquée,
elle montre au niveau des extrémités un épaississement
du périoste, un aspect carré des phalanges accompagné
d'une houppette à l'extrémité.
Les radiographies du crâne,
outre les signes indirects de tumeur (hypertrophie des clinoïdes
sur-tout postérieure, déformation du plancher de la selle,
ballonisation de la selle), peuvent montrer une pneumatisation
des sinus frontaux et une hyperostose de la voûte.
b) Neuroradiologie
C'est une étape essentielle
du Dg mais aussi de la discussion thérapeutique.
Dans 30% des cas surtout
chez le jeune, il s'agit d'une tumeur volumineuse déformant
la selle turcique avec expansion supra et latéro-sellaire vers
les sinus caverneux. Cependant, l'adénome respecte longtemps
les parois osseuses.
DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE
1) L'adénome somatotrope
Il représente la
cause de l'acromégalie dans plus de 90% des cas. Cet adénome
peut présenter une double sécrétion hormonale,
associant alors une sécrétion de prolactine ou de TSH
concomitante. La sécrétion hormonale est proportionnelle
au volume de la tumeur.
Beaucoup plus rarement, il s'agit non pas d'un adénome mais d'une
hyperplasie, résultat d'une stimulation ectopique par
GHRH provenant d'une tumeur pancréatique ou pulmonaire classée
comme carcinoïde. C'est alors le dosage de GHRH, effectué
en cas de selle turcique vide, qui apporte le diagnostic.
2) Tumeur hypothalamique
Cette éventualité
rejoint la précédente: un hamartome ou un choristome
hypothalamique sécrète de la GHRH et est associé
à un adénome somatotrope
3) Tumeur extra-hypophysaire
Il s'agit d'une exception.
Une tumeur le plus souvent pancréatique est alors responsable
de la sécrétion hormonale. Le tableau est celui d'une
acromégalie paranéoplasique.
FORMES CLINIQUES
On distinguera les formes
avec et sans signes neurologiques, les premières faisant craindre
une tumeur volumineuse de traitement difficile
EVOLUTION et PRONOSTIC
L'évolution lente
peut être émaillée de complications: neurologiques
d'abord par compression du chiasma optique, cardiorespiratoires
ensuite. Ces dernières font le pronostic de l'affection car
elles accroissent la mortalité de l'affection.
TRAITEMENT
1) Buts
L'objectif est de faire
régresser dans une certaine mesure les symptômes de l'affection,
de normaliser la sécrétion de GH et de réduire
la taille de l'adénome
2) Moyens
L'adénomectomie
sélective par voie transphénoïdale est le traitement
de référence de la maladie. Pour les tumeurs suprasellaires
volumineuses et chez lesquelles on prévoit une exérèse
difficile, la voie crânienne représente une alternative.
La radiothérapie
+ Les agonistes dopaminergiques, en particulier la bromocriptine
(Parlodel), et la somatostatine peuvent constituer des thérapeutiques
d'appoint
3) Indications
Le traitement chirurgical
est le premier envisagé. Il est impératif en cas de troubles
visuels.
La radiothérapie a une large place dans les suites chirurgicales,
que ce soit pour réduire une tumeur qui n'a pas été
complètement extirpée ou en cas d'échec sur la
sécrétion tumorale
+ Le traitement médical trouve des indications chez le
sujet jeune dont on doit respecter la fonction hypophysaire et
chez le sujet âgé chez qui on redoute des complications
vasculaires cérébrales.
Le traitement des acromégalies par sécrétion tumorale
de GHRH fait appel à l'exérèse de la tumeur responsable.
En cas d'échec, la somatostatine, déjà utilisée
dans les tumeurs digestives endocrines carcinoïdes, représente
une alternative.
4) Résultats
L'efficacité du traitement
chirurgical dépend de la taille de l'adénome, de son caractère
invasif et de la sécrétion hormonale observée.
La radiothérapie donne de bons résultats et ce d'autant
plus que la sécrétion hormonale était basse au
départ: 70% à 5 ans et 80% à 10 ans.
Les complications cardiovasculaires, respiratoires et le diabète
sucré sont susceptibles de régresser, ce qui n'empêche
pas la mise en route d'un traitement spécifique.
+ Le traitement médical a une efficacité partielle et
parfois transitoire: il ne peut être utilisé qu'en cas
d'échec des autres thérapeutiques. Notons cependant qu'en
cas de sécrétion concomitante de prolactine, l'efficacité
de la bromocriptine semble plus fréquent.
5) Surveillance
Le traitement chirurgical
comporte une complication spécifique de plus en plus rare: l'apparition
d'un syndrome polyuropolydipsique par altération de la
posthypophyse (diabète insipide central par déficit en
ADH) qui devra être détecté et traité pour
son propre compte. Celui-ci pourra être définitif.
Dans le suivi de l'efficacité du traitement, le dosage de
la somatomédine C est plus indiqué que celui de la
GH, dont on connaît les fluctuations. Doit s'y adjoindre une étude
du profil de la sécrétion de GH et de sa régulation.
On recherchera les effets délétères de la radiothérapie
sur la sécrétion hypophysaire qui survient dans 50%
des cas à 5 ans.
Dernière modification de cette fiche :
14/02/2007
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